Un pdg entre dans le bureau du comptable : « Comptable, je voudrais que tu me dises combien font 1 + 1. »

Le comptable répond : « Combien voulez-vous que ça fasse? »

Cette vieille blague caricature bien les souffrances tolérées par les équipes dans la réalisation des projets. On tolère souvent ce qui n’est pas binaire, et on prend la responsabilité de la situation. The monkey is on my back. On débute des chantiers, des tâches en se disant qu’on précisera à mesure, qu’on verra un peu plus tard.  Soyons clairs, je n’ai rien contre l’incrémentalité et l’itérativité, bien au contraire, mais sommes nous toujours équipés pour réaliser nos travaux dans les meilleures conditions?

J’ai une formation comptable et je fais de l’agilité. Comment ma formation m’influence t’elle dans mon attitude envers l’agilité?  C’est hyper simple.  Ça m’a rendu binaire, binaire au point d’en être prévisible. Pour moi, 1 + 1, ça fait 2. Pas pas tout à fait 3 et pas on est rendu à 1,5.

Le lien avec l’agilité?

• Le scénario utilisateur est prêt ou non?
• Cette validation est requise ou non?
• La tâche est en cours ou non?
• On a un bloquant ou non (et … on le résout ou non?)
• J’ai terminé ou non?
• On la résout cette anomalie P4 ou non?
• Etc.

Cette déformation professionnelle (!) m’a amené à fuir la pensée magique et surtout à être très prudent avec l’utilisation de certains mots de la langue française:

Les devrait, pourrait, faudrait sont des mots qui ne sont pas assez binaires à mon goût. Repousser et prioriser une décision? Je suis d’accord, ça arrive et c’est pertinent de le faire mais faisons nous aussi le cadeau du courage de se prononcer au lieu de systématiquement et aveuglément repousser à plus tard. Soyons critiques. Faisons de la place, gardons notre espace de travail (carnet de produit, carnet de sprint, registre des anomalies) raisonnable, clair et en santé.  C’est tellement plus simple…

Qu’en pensez-vous?