Attention au glissement du risque

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En gestion de projet, atteindre la prédictibilité est un élément clé du succès et son bloquant majeur est le risque. Pour contenir ce dernier lors de la préparation d’un projet, nous prenons grand soin de gérer la quantité de risque inclue dans la portée. En ne voulant rien laisser au hasard, nous augmentons ainsi nos chances de succès en travaillant sur ce risque en début de projet. Lorsque que le risque est résolu ou sous contrôle, nous pouvons enfin tourner notre attention vers la prédictibilité.

N’est-ce pas bizarre alors de voir des ajouts volontaires de risques supplémentaires pendant le projet?

Ceci peut s’expliquer via un comportement de compensation du risque poussant les gens à faire moins attention lorsqu’ils se sentent en sécurité. Cet effet, combiné avec la pression de livrer un maximum de fonctionnalités de qualités, peut nous pousser à prendre des risques supplémentaires en remplacement de ceux qui sont résolus. J’appelle ceci “remplir sa dette de risque”, étant donné que les membres de l’équipe agissant de cette façon sont similaires aux gens qui utilisent leur crédit de façon impulsive. Au même moment, pour certains membres du projet, une baisse de pression sur le risque peut être interprétée comme un signe de perte d’opportunité. Pour résoudre ceci, on doit se concentrer à maintenir un effort constant et soutenable, alors qu’au même moment, on doit accepter une oscillation dans le niveau de risque alors que le focus fait des allers-retours entre le développement et le déploiement.

Le risque est sournois, car il fait toujours partie du développement logiciel, nous désensibilisant ainsi de sa présence et de son importance et aussi parce qu’il prend deux formes : le risque connu, qui peut faire partie de la planification, et les risques inconnus, qui nous surprendront sur le chemin. Plusieurs de ces risques inconnus seront bloquants, nous forçant ainsi à investir un temps précieux pour les résoudre alors que, et nous devrions prendre avantage de ce fait, nous avons le choix d’accepter, gérer ou, plus particulièrement, rejeter les risques connus.

Livrer la vision en résolvant les risques engagés devrait donc toujours surpasser l’ajout de risque additionnel.

Phillipe Cantin

Beware of Risk Creep

When managing a project, achieving predictability is a key element of success and one of its major impediments is risk. To curb this problem while preparing for a project, we take great care, managing the amount of risk accepted in the scope. Not willing to leave anything to chance, we further improve our odds by tackling this risk early in the project which, once removed or under control, clears the way for predictability.

How funny then, to see new risks being purposefully added during a project production.

One reason explaining this is the Risk Compensation behavior, when people tend to be “less careful if they feel more protected”. This effect, combined with the pressure to deliver a maximum of quality features, can drive us to take on new risks as the existing risk is removed. I call this “Maxing out the risk” since team members acting this way are similar to people feeling compelled to max out their credit. At the same moment, for some people, a drop of pressure on risk can be interpreted as a sign of lost opportunity. To resolve all this, we must concentrate on maintaining a constant and sustainable effort level while, at the same time, accepting an oscillation in the risk level as the focus goes back and forth between development and release.

Risk is a sneaky thing as it is always a part of software development, desensitising us to its presence and importance. It is also sneaky as it comes in two shapes: the known risks, which can be part of the planning, and the unknown risks, which will surprise us along the way. We don’t have a choice but to deal with the unknowns [risks] as they pop up here and there during the project, and we should take advantage of this fact. We have a choice to either accept, manage or, especially, reject known risks.

Shipping the vision while resolving the engaged risks should always trump the addition of new risk.

Phillipe Cantin

Tout est un livrable

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En 2009, je lisais l’excellent billet “The Duct Tape Programmer” par Joel Spolsky qui souligne l’importance de livrer plutôt que d’atteindre la perfection. Il résume bien sa pensée en disant “Livrer est une fonctionnalité” (Shipping is a feature). Ceci a eu un impact sur moi, car j’applique depuis cette philosophie sur plusieurs choses, poussant à maximiser la qualité tout en assurant systématiquement la livraison.  Je crois aussi qu’à l’intérieur de chaque équipe livrant du logiciel fonctionnel, il y a une personne qui se bat pour la livraison. Autrement, l’équipe resterait piégée infiniment dans un état à 90% complété.

Lorsque que j’approche chaque événement Scrum, chaque sprint, chaque période d’un projet et chaque réunion, je divise les buts en 2 groupes;  le Vital (Must) qui ne peut être atteint que par l’effort collaboratif du groupe et l’Essentiel (Should) qui gagnerait en efficience si il était complété par le groupe.  Par la suite, je recentre les efforts et surveille le temps pour assurer minimalement la livraison du Vital. L’objectif est d’éviter de pousser vers l’avant des tâches non-terminées qui, inévitablement, créeront un effet de cascade dans le flux de travail.

Voici une autre façon de voir la situation. Alors qu’un projet avance, nous créons des moments où nous réservons la capacité d’un groupe de personnes ayant la bonne combinaison de talent pour exécuter un travail précis.  Ce groupe fournit la connaissance et le pouvoir décisionnel unique pour faire avancer un gros bloc de travail. Les membres de l’équipe étant tous réunis, la boucle de communication est alors très efficiente.  Une fois que ce moment est passé, cette boucle de collaboration sera dramatiquement ralentie alors que le focus et la capacité des gens seront submergés par d’autres tâches.  Au début de chacun de ces ‘moments en groupe’, il est donc impératif d’identifier le travail Vital.

Livrer quelque chose, peu importe ce que c’est, est toujours une petite victoire qui vient donner de l’énergie aux membres de l’équipe. Nous voulons donc toutes les victoires possibles afin de garder le moral lorsqu’on traverse les haut et les bas du développement logiciel.  Livrer tout, à tous les moments, m’aide à guider mes équipes dans les périodes difficiles. Ceci me permet de célébrer le fait que nous avons eu une bonne planification de sprint, et que nous pourrons compter sur celle-ci jusqu’à la fin du sprint sans avoir d’autre réunion de clarification.  Livrer tout, c’est savoir que chaque histoire terminée est un avancement concret qui, malgré les embûches, à pu être réalisé à l’intérieur du sprint. Ceci aide à se sentir comme un héros à la fin d’un sprint dans lequel on a livré notre engagement et entrer dans le sprint suivant avec un sentiment de nouveau départ qui n’est pas entaché.

Livrer tout permet de parsemer notre travail de petites victoires.

Phillipe Cantin

Ship Everything

Back in 2009, I was reading a great blog post by Joel Spolsky called “The Duct Tape Programmer” in which he underlined the importance of delivery over perfection. Summing it up in this great motto: “Shipping is a feature”.  This must have had some impact on me since I now apply this philosophy to so many things, pushing to maximize quality while always ensuring delivery.  I also believe that every team delivering working software has at least one person who fights for shipping or they would endlessly remain caught in the “90% done” purgatory.

When approaching every Scrum event, every sprint, every project period and every meeting, I divide the goals in two groups;  the Must which can only be done by the collaborative effort of the group and the Should which would be more effective if done by this group.  I then focus the efforts and monitor the time to, minimally, ensure the resolution of the Must.  The objective is to avoid pushing unfinished work forward which will inevitably create a cascading effect down the workflow.

Look at it this way: as a project moves forward, we create moments where we secure the capacity of the right mix of people to execute a specific task.  This group provides the unique knowledge and the decision power necessary to move forward a large block for work and, by all being present, the collaboration loop is very efficient.  Once this moment is passed, this collaboration loop will slow down dramatically as people`s focus and capacity are swept up by other tasks.  At the beginning of each ‘group moment’, it is then imperative to identify the Must work.

Shipping something, anything, is also a small win adding fuel to the tank of the team members.  We want all the wins we can get to protect the morale through the ups and downs of software development.  Shipping everything, every moment, is how I get my teams through thick and thin.  Celebrating the fact that we had an awesome sprint planning on which we can count to get us to the end of the sprint without a string of meetings.  Knowing that every story done is a concrete step forward which, even with the unexpected,  was able to fit within the sprint.  Feeling like heroes at the end of a sprint where we shipped all the committed work while entering the next sprint with an untainted feeling of a fresh start.

Shipping everything is a way to punctuate our work with small wins.

Phillipe Cantin

L’auto-organisation et l’engagement

L’homme qui voue sa vie entière à effectuer quelques rares opérations simples, desquelles les effets sont peut-être toujours les mêmes ou très semblables, n’a pas d’occasion de pratiquer sa compréhension ou d’exercer son inventivité à trouver des opportunités à dissiper des difficultés qui ne surviennent jamais. Il perd naturellement, dès lors, l’habitude de telles pratiques et, généralement, devient aussi stupide et ignorant qu’il est possible à une créature humaine de devenir. La torpeur de son esprit le rend non seulement incapable de goûter ou supporter un parti dans quelque conversation rationnelle que ce soit ou de concevoir ne serait-ce qu’un sentiment généreux, noble ou tendre, mais aussi, en conséquence, de former un jugement juste concernant plusieurs, même des plus ordinaires, tâches de la vie privée.

source : Adam Smith « An Inquiry into the Nature and Causes of the Wealth of Nations »

Avoir du plaisir au travail, est-ce important? C’est le fondement même de la performance et de l’amélioration continue. L’auto-organisation des individus est un carburant puissant qui alimente la motivation, la créativité, le désir du dépassement et la recherche de l’excellence. En tant que conseiller Agile, je suis très sensible au développement du savoir-être dans mes équipes de travail. Voici 3 entreprises florissantes où l’auto-organisation est au cœur de leurs principes : PatagoniaValve et Buurtzorg. Un travailleur heureux en vaut 2 🙂